La période romantique a commencé en Allemagne à la fin du xvIIIe siècle et
a continué jusqu'au milieu du xixe siècle comme réaction du sentiment contre la
raison. Les nouveaux mots d'ordre étaient « sentiment », « imagination
», « expérience » et « nostalgie ». De nombreux romantiques se
considéraient comme des descendants de Kant qui a différencié entre « la chose
en soi » et la « la chose pour moi ». Ainsi, chacun pouvait redéfinir à sa
guise son rapport au monde et donner sa propre interprétation du réel.
L’Art
L’un des traits communs entre la Renaissance et le Romantisme est la place
privilégiée accordée à l’art comme moyen de connaissance. Avant les
romantiques, Kant s'était interrogé sur l'origine du ravissement de l’homme face
à quelque chose de très beau comme par exemple une œuvre d'art. Selon lui, la
contemplation esthétique approche l’homme de l'expérience de la « chose en soi
» parce que, ainsi, il déborde du strict cadre de la raison. Pour Kant, l'artiste
aussi exerce librement, sa faculté de connaissance et joue avec elle.
Pour les romantiques, seul l'art permet de cerner « l'indicible ». Ainsi, l'artiste
peut faire passer des messages que les philosophes sont incapables d'exprimer. Une
des idées novatrices de ce mouvement était le concept de «génie artistique»
qui est irrationnel, subjectif, créatif, animé par l’inspiration divine,
l’intuition et les passions. Et ce, contrairement aux artistes des Lumières qui
étaient disciplinés par la raison, les codes et les conventions. Tout cela a
donné naissance à une nouvelle conception de l'art, qui exige une liberté
absolue de création et d'imagination individuelle et qui refusait les contraintes
imposées par les règles et les traditions. Beethoven est un exemple des
artistes romantiques. Sa musique traduit les émotions et les désirs d'un être
humain. Il s'oppose ainsi aux grands maîtres de la musique baroque comme Bach
et Haendel, qui composaient en l'honneur de Dieu et d'après des règles souvent
assez strictes.
Nostalgie, amour impossible et oisiveté
Les romantiques voulaient retrouver la trace de cultures plus lointaines,
comme la culture et la mystique orientales. Ils se sentaient attirés par la
nuit, les lueurs crépusculaires, les ruines et le surnaturel...
Chez les romantiques, on trouve aussi l'amour impossible. Par exemple, dans
le roman « les Souffrances du jeune Werther » de Goethe publié en
1774, le jeune Werther qui ne peut obtenir celle qu'il aime se suicide à la
fin. A l’époque du romantisme, le suicide était à la mode.
Les romantiques aussi considéraient l’oisiveté comme l'idéal du génie et la
paresse comme la vertu du romantique. Ils pensaient qu’il fallait faire toutes
sortes d'expériences et rêver pour s'échapper du monde réel. Pour eux, la
routine, c'était bien assez bon pour les petit-bourgeois.
L’âme du monde ou l’esprit du monde
Le romantisme se caractérisait par la nostalgie d'une nature sauvage et
mystique. Ce mouvement considérait la nature comme un tout. Ainsi pour les
romantiques, la philosophie, les sciences expérimentales et la littérature
faisaient partie d'un grand tout.
Contrairement à Descartes et Hume qui avaient distingué entre le moi du
sujet et l'« étendue » de la réalité, ainsi que Kant qui a séparé entre le « moi
connaissant » et la nature « en soi ». Les
romantiques s'inscrivaient dans la tradition de Spinoza, de Plotin et des
philosophes de la Renaissance comme Jacob Böhme et Giordano Bruno qui étaient
panthéistes et ont affirmé avoir fait l'expérience d'un « moi » divin au sein
de la nature. Dans ce sens, la nature était conçue par les romantiques comme un
organisme vivant. Ils utilisaient l'expression l'« âme du monde » ou l'«
esprit du monde » :
- Le premier grand philosophe romantique est Friedrich Wilhelm Schelling. Il a vécu de 1775 à 1854 et a affirmé que la nature n'était selon lui que l'expression d'un absolu ou de l'« esprit du monde ». Schelling disait : « La nature est l'esprit visible, l'esprit la nature invisible». Pour lui, la nature et la conscience de l'homme sont simplement deux formes d'expression de la même chose. On peut donc chercher l'« esprit du monde » aussi bien dans la nature qu'en soi-même.
- Novalis qui était un des génies romantiques, a déclaré que « le chemin mystérieux va vers l'intérieur ». Il entendait par là que l'homme porte tout l'univers en lui et que c'est en plongeant à l'intérieur de soi-même que l'homme peut ressentir le mystère du monde.
- Le philosophe allemand Johann Gottlieb Fichte qui a vécu de 1744 à 1803, expliquait que la nature n'est que l'émanation d'une instance supérieure qui prend inconsciemment cette forme.
Le romantisme et l’histoire
Selon Johann Gottfried Herder, le cours de l'histoire n’était que le
résultat d'un processus visant à un but bien défini. Il avait une conception «
dynamique » contrairement à la conception « statique » des philosophes des
Lumières. Herder pensait que chaque peuple à une époque donnée avait sa
spécificité, ce qu'il appelle l'« âme du peuple ». Toute la question est de connaitre
notre capacité de nous transposer dans ces différentes cultures. Le romantisme
a contribué ainsi à renforcer l'identité culturelle de chaque nation.
Les formes du romantisme
On distingue deux formes de romantisme :
1. Le romantisme universel et qui fait référence à la conception de la nature, à l'âme du monde et au génie artistique et qui s’est développé surtout à Iéna en Allemagne, vers 1800.
2. Le romantisme national qui a surgi des années plus tard à Heidelberg. Les romantiques nationaux s'intéressaient surtout à l'histoire, à la langue du « peuple », c'est-à-dire à tout ce qui relevait de la culture « populaire ». Car le peuple aussi était considéré comme un organisme devant développer ses possibilités internes, tout comme la nature ou l'histoire.Ce qui relie ces deux aspects du romantisme :
- La notion d'organisme : Tout, que ce soit une plante, le peuple, un poème, la langue ou la nature tout entière, était considéré comme un organisme vivant.
- L'esprit du monde : cette notion était aussi présente dans la culture populaire que dans la nature et l'art. On a redécouvert les anciens mythes et les poèmes païens afin de rapprocher la littérature populaire de la littérature dite savante. Par exemple, À Heidelberg, on avait rassemblé des airs et des contes populaires comme les Contes des frères Grimm qui rassemblent les histoires de Blanche-Neige, le Petit Chaperon rouge, Cendrillon, Hänsel et Gretel... Des compositeurs se mirent à introduire des airs populaires dans leur musique, tentant par ce moyen de rapprocher la musique populaire de la musique dite savante c'est-à-dire composée selon des règles bien précises.
Rachida KHTIRA
Software Engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.
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