Résumé
Dans ce roman,
Gabriel García Màrquez raconte l’histoire de la famille Buendia destinée à
vivre cent ans dans un village de Macondo réalisant ainsi la prophétie d’un
gitan appelé Melquiades. Après sa fondation par le premier couple Buendia, le
village imaginaire, ainsi que sept générations de la famille vont traverser
plusieurs événements jusqu’à sa disparition définitive après un siècle. Ce
roman paru en 1967 est du genre appelé le réalisme magique. Le succès de cet
œuvre est dû essentiellement à l’ambiance extraordinaire qui règne sur toute
l’histoire: les tapis volants, les gitans, la lévitation... Ces évènements
propres à l’Histoire colombienne rappellent une période historique difficile
caractérisée par des conflits politiques sanglants.
Un réalisme magique
Dans Cent ans de
solitude, le réel se mélange avec l’imaginaire d’une manière fluide et
familière. Dans un village ordinaire, et sans aucune mention de lieu ou de
temps, une histoire qui repose sur des évènements réels est narrée à la façon d’un conte magique avec des personnages eux même constitués de ce mélange de
réalité et de fiction.
« Un filet de sang passa sous la porte, traversa la salle commune, sortit dans la rue, prit le plus court chemin parmi les différents trottoirs, descendit des escaliers et remonta des parapets, longea la rue aux Turcs, prit un tournant à droite, puis un autre à gauche, tourna à angle droit devant la maison des Buendia, passa sous la porte close, traversa le salon en rasant les murs pour ne pas tacher les tapis, poursuivit sa route par l'autre salle, décrivit une large courbe pour éviter la table de la salle à manger, entra sous la véranda aux bégonias et passa sans être vu sous la chaise d'Amaranta qui donnait une leçon d'arithmétique à Aureliano José, s'introduisit dans la réserve à grains et déboucha dans la cuisine où Ursula s'apprêtait à casser trois douzaines d'œufs pour le pain. »
« le plus à craindre, dans cette maladie de l'insomnie, ce n'était pas l'impossibilité de trouver le sommeil, car le corps ne ressentait aucune fatigue, mais son évolution inexorable jusqu'à cette manifestation plus critique : la perte de mémoire. Elle voulait dire par là qu'au fur et à mesure que le malade s'habituait à son état de veille, commençaient à s'effacer de son esprit les souvenirs d'enfance, puis le nom et la notion de chaque chose, et pour finir l'identité des gens, et même la conscience de sa propre existence, jusqu'à sombrer dans une espèce d'idiotie sans passé. »
« L'atmosphère était si humide que les poissons auraient pu entrer par les portes et sortir par les fenêtres, naviguant dans les airs d'une pièce à l'autre. »
L’Histoire se répète,
l’Homme reste le même
Malgré la
succession de sept générations de la famille Buendia, leurs histoires semblent
être les mêmes. On se retrouve avec les mêmes prénoms qui reviennent de
génération en génération : José, Arcadio, Aureliano pour les garçons et Urula,
Amaranta, Remedios pour les filles. A travers cette répétition des noms, des
mariages, des naissances, des décès et des conflits durant cent ans, l’auteur
ne fait que symboliser le cours cyclique de l’Histoire. En effet, le roman
aboutit à une réalité historique fatale: Les progrès réalisés par les
différentes générations, leurs défis et leurs conflits, ne sont qu’un
déguisement de l’âme humaine, restant inchangeable, sous des nouvelles
croyances, des nouvelles manifestations et des nouveaux évènements.
Solitude,
Passion, Amour et Violence
Le mot solitude
prime sur tout le roman en partant du titre lui-même qui le résume clairement.
Dans l’histoire, la solitude est présentée sous plusieurs formes, à travers
l’isolement du village, la séparation du couple fondateur de Macondo, l’aîné
des Buendia restant seul toute sa vie jusqu’au moment où il se suicide avec une
balle à la tête, les femmes qui finissent abandonnées dans leur vieillesse…
Quant à l’amour,
pour les Buendia, il s’agit plutôt d’une passion charnelle ou d’une
malédiction. La plupart des histoires d’amour dans la famille finissent mal et
il n’y a plus de place pour l’amour du cœur. C’est un univers sombre et froid
où les sentiments n’ont aucune utilité et où il est prioritaire de garantir la
continuité de la progéniture via les nouvelles naissances au sein de la
famille.
La violence
aussi occupe une grande place dans le roman, c’est une violence qui rappelle la
guerre civile en Colombie entre partis conservateurs et partis libéraux, le
massacre des ouvriers de la compagnie bananière en grève pour mauvais
traitements…C’est une violence qui témoigne de l’aveuglement des conflits
politiques sanglants et de l’inhumanité du progrès technique.
Évaluation
Bien que le
roman soit traduit de l’espagnol au français, le style garde toujours son
charme et sa force. La densité des événements et la fine ligne qui sépare le
réel et le surréel témoignent d’un riche
esprit et d’une fertile imagination chez l’écrivain. Ce n’est pas un roman à résumer
c’est plutôt un roman à lire, à analyser et à discuter.
Personnellement, j’ai beaucoup aimé ce genre littéraire que je trouve séduisant et influant. Je le note 4/5.
Rachida KHTIRA
Software Engineer at the Moroccan Ministry of
Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.
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