Nombre de pages : 230.
Édition: La Découverte, Paris,
2005.
"Si nous faisions tout ce dont nous sommes capables, nous nous surprendrions vraiment" - Thomas Edison
Résumé
Dans ce livre, David Bornstein
un journaliste new-yorkais spécialisé dans l’innovation sociale et le
développement, attire l’attention sur
des personnes particulières qu’il appelle des entrepreneurs sociaux. Selon lui, ces derniers jouent un rôle
catalyseur dans le changement social et exercent une profonde influence sur la
société. Cependant, leur rôle social demeure très mal compris et largement
sous-estimé.
L’auteur présente
d’abord la fondation Ashoka basée aux États Unis et son fondateur, Bill Drayton.
Il explique la mission innovante que s’est fixée cette fondation:
- Développer
des indicateurs permettant de comprendre le facteur innovant d’une idée,
- Mesurer la détermination de la personne la mettant en œuvre,
- Évaluer la
capacité des entrepreneurs à utiliser leurs moyens financiers efficacement et à exploiter
à fond les ressources locales.
Au fil des années, Ashoka a accordé des dons
importants aux innovateurs sociaux préalablement sélectionnés par ces critères
en Asie, ensuite en Amérique du Sud et puis en Afrique. Elle agit en tant
qu’investisseur dans les projets sociaux, apportant du capital, des expériences
et des connaissances dans différents domaines.
Au fil des pages, l’auteur
rend hommage à un ensemble d’entrepreneurs sociaux dont la majorité était
soutenu par Ashoka, en racontant des récits fascinants à
propos de leur contribution dans l’innovation sociale. Armés d’une forte
auto-motivation, d’une passion démesurée et d’une volonté de fer, ces personnes
ont décidé de "changer le monde" pour le rendre meilleur.
Entrepreneur
Social : rôle et profil
"Une idée est comme une pièce de théâtre : même si c'est un
chef-d’œuvre, il lui faut un bon producteur et un bon attaché de presse,
sans quoi elle risque de ne jamais être jouée; ou bien elle sera jouée
mais, faute de public, sera déprogrammée au bout d'une semaine."
L’économiste Joseph
A. Shumpeter définit l’entrepreneur comme étant un agent de la
« destruction créative ». Autrement dit, c’est un individu qui casse
les modèles déjà établis dans un secteur afin de déclencher un ensemble de
mutations et un bond de productivité. Sous le même angle, Bornstein définit les
entrepreneurs sociaux comme étant des individus qui induisent des changements
structurels en faisant changer les comportements et les mentalités. Ils sont
avant tous des défenseurs d’idées novatrices qui traitent des problèmes sociaux
majeurs, qui s’obstinent afin de donner corps à leur vision et qui ne se
laissent pas décourager par les obstacles ou le refus. Leur engagement
correspond à une motivation très personnelle.
D’après ses nombreux
entretiens avec les acteurs sociaux cités dans son livre, Bornstein a pu
dégager six qualités communes aux entrepreneurs sociaux :
- Être prêt à corriger ses erreurs.
- Être prêt à partager les lauriers.
- Savoir s'affranchir des structures en place.
- Privilégier l'interdisciplinarité.
- Accepter de travailler dans l'ombre.
- Avoir une forte motivation éthique.
Ses études et recherches
effectuées sur les différents projets mis en place par ces entrepreneurs, ont révélé l’importance de l’application de quatre
pratiques pour pouvoir innover dans les projets sociaux:
- Institutionnaliser l'écoute.
- Prêter attention à l'exceptionnel.
- Proposer de vraies solutions, pour des vrais gens.
- Privilégier les qualités humaines avant tout.
Des idées lumineuses et
une volonté indomptable
En lisant le livre, le
lecteur est submergé par des dizaines de noms d’entrepreneurs sociaux et de
dizaines d’idées et projets créatifs qui ne peuvent qu’inspirer tous ceux qui
cherchent à améliorer les conditions de vie de leurs contemporains. Ci-dessous,
des fiches qui présentent d’une manière très résumée un échantillon
d’entrepreneurs sociaux cités dans le livre ainsi que leurs projets respectifs.
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«Je déteste les
conflits et je n’aime pas avoir à me battre pour défendre quelque chose. Ce
que j’aime c’est construire »
Bill Drayton, Fondateur de
l’association Ashoka pour la promotion de l'entrepreneuriat social en 1978.
États Unis
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Son projet consiste
à aider les acteurs sociaux, à travers les différents coins du monde, qui
ont entrepris des idées novatrices, à atteindre leurs objectifs et évoluer
leurs projets à grande échelle. En effet, Ashoka a désigné un ensemble de
chasseurs de tête dans plusieurs pays afin d’identifier les entrepreneurs
sociaux qui méritent d’être soutenus.
Pour Ashoka, ce sont les qualités
tangibles de la personne qui comptent : sa vision, sa passion, sa
détermination et son éthique. Pour être admis par Ashoka, un entrepreneur social
doit passer par un ensemble d’épreuves
afin d’évaluer ces quatre qualités.
Aujourd’hui, Ashoka est présente dans
53 pays en Asie, en Afrique, en
Amérique et en Europe centrale et a apporté soutien à 1600 entrepreneurs
sociaux à travers les financements directs et l’élaboration des stratégies.
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« Tant que nous
utilisons notre intelligence et notre savoir pour servir les gens,
l’humanité a de l’espoir »
Fabio Rosa, Ingénieur agronome.
Brésil
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Fabio Rosa est d’une
personnalité singulière. En lisant son histoire, on ne peut qu’admirer son
optimisme et sa persévérance. La plupart des projets qu’il a entamés ont
rencontré des difficultés énormes en termes de financement, de mentalités
et de résistance. Malgré cela, il a gardé espoir et confiance et a exploité
à fond ses compétences scientifiques
et personnelles au service des personnes pauvres de son pays.
Ci-dessous
les différentes idées qu’il a mises en œuvre :
- Projet Palmarès en
1982 : Electrification au moindre coût à la faveur des paysans pauvres
via une infrastructure différente de celle dictée par les normes de
l’époque, pour qu’ils puissent
creuser des puits et irriguer leurs terres à bas prix et éviter ainsi l’achat de l’eau d’irrigation trop cher
- Mettre en place un
système complet pour la riziculture à moindre prix
- Assurer des micros
crédits aux agriculteurs pauvres
- Promotion de
l’électricité solaire
- Instauration d’un
système de pâturage rationnelle
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« Tout ne se
passe pas toujours comme on le souhaiterait. La meilleure chose est de ne
pas avoir une idée toute faite de ce à quoi on veut arriver, mais
simplement les principes de base et des grandes lignes »
Jeroo Billimoria, Fondatrice de Childline en 1996.
Inde
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D’après le récit de
Bornsetin, Jeroo Billimoria apparaît comme une femme bien instruite, d’une
forte personnalité et d’une grande âme. Sa compassion avec les enfants de
la rue l’a poussé à donner son numéro personnel à certains d’entre eux en
cas où ils auront besoin d’aide.
Jour après jour, Jeroo Billimoria constate
que les enfants de la rue courent des dangers énormes dans l’absence d’une organisation
sociale pour les aider. Le nombre d’appels qu’elle reçoit augmente sans cesse et elle se sent dans la nécessité de monter une association pour
pouvoir aider ces enfants qui appellent SOS en pleine nuit.
L’idée
originale qu’elle a mise en œuvre était de mettre en place une ligne
téléphonique accessible 24h/24h « 1098 », et un système de
réponse d’urgence destiné aux enfants vulnérables dans les rues. La mission
principale de l’association Childline qu’elle a fondue en 1996 est
de sauver les enfants qui appellent secours en les hospitalisant en cas de
maladie ou d’accident ou en les sauvant en cas d’agression ou de maltraitance
avec la coopération de la police. La plupart des employés de l’association
sont des enfants.
En 2002, l’association était présente en 42 villes de
l’Inde avec un nombre d’appels reçus égal à 2,7 millions. L’association a
été mandatée comme première agence de protection de l’enfance. Le ministère
de la Justice
et de l’Émancipation avait consulté Childline avant la préparation de son
plan quinquennal.
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« Si nous aidons les enfants à devenir adultes en apprenant à
réfléchir au lieu de débiter du par cœur, à résoudre des problèmes, à
exercer leur créativité, à agir plutôt que subir, alors la prochaine
génération sera très différente »
Gloria de Souza, Institutrice et
fondatrice de l’association « Parisar Asha » en 1982.
Inde
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Cette institutrice
de Bombay avait comme rêve de réformer le système éducatif indien basé sur
l’apprentissage du par cœur. Inspirée d’un atelier sur la pédagogie fondée
sur l’expérimentation et la découverte en 1971, elle a décidé de commencer
son application dans son entourage commençant par sa classe. Ainsi elle
commence à organiser des sorties pour ses élèves afin de découvrir la
nature et les animaux qu’ils trouvent dans les manuels scolaires. Elle les
emmène aussi à visiter les monuments historiques de l’Inde.
De plus, elle a
remplacé les prénoms britanniques dans les manuels scolaires par des noms
indiens afin de personnaliser le contexte scolaire à la culture indienne.
Sa méthode a rencontré un refus et des critiques de la part de ses
collègues. Cependant et grâce à sa patience et sa persévérance, elle a pu
durant des années de bataille et de travail acharné d’implémenter sa
méthode dans l’école ou elle travaillait.
En 1985, sa méthode a été introduite
dans 1700 écoles publiques dans le cadre d’un programme pilote. Son travail
a influencé toute une génération d’enseignants et de responsables de
programmes en Inde.
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« Le plus difficile à accepter c’est de remettre en question
la définition de son rôle »
Erzsébet Szekeres, Fondatrice de Alliance syndicat national
pour l’Aide par le travail pour les personnes handicapées en 1986.
Hongrie
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Son amour pour son
fils Tibor souffrant d’un grave handicap mental et physique et son désir de
lui offrir un lieu où il peut acquérir des compétences sociales de base lui ont poussé à fondre un syndicat
social appelé Alliance en 1986. C’est une association qui offre aux
personnes handicapées un lieu d’épanouissement social et professionnel
grâce à des ateliers de tissage des tapis, de décoration de céramique et de
la couture.
Au fil des années, elle a pu créer un réseau de 21 centres
d’aide par le travail répartis dans toute la Hongrie, qui assurent
une formation professionnelle, des emplois et des services d’assistance à
plus de 600 pensionnaires pluri handicapés.
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« Quelqu’un qui gagne moins que le salaire minimum peut
profondément modifier la vie de quelqu’un de la bonne bourgeoisie parce que
la misère ne se réduit pas au manque d’argent. C’est aussi un manque de
sens de la vie »
Vera Cordeiro, Fondatrice de l’association Renascer pour la santé
des enfants.
Brésil
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Vera Cordeiro est un
médecin à Rio de Janeiro. Elle a remarqué que la plupart des enfants
pauvres qu’elle soigne à l’hôpital y reviennent plus malades qu’avant ou décèdent
après une certaine durée de leur départ. Elle a constaté que les familles
pauvres n’arrivent pas à prendre soin de leurs enfants malades faute
d’argent ou par ignorance. Alors elle a décidé de créer une association en
1991 et qu’elle a nommée Renascer, pour assurer des soins post hospitaliers pour les enfants
pauvres afin de pouvoir suivre leurs traitements.
Renascer crée comme une
sorte d’antennes dans chaque hôpital pour détecter les cas à superviser. Grâce
à Renascer ces soins sont étendus sur 14 hôpitaux de Rio de Janeiro.
En
1999, le directeur du service pédiatrique de l’hôpital Lagoa déclara que,
entre 1991 et 1997, le taux de réadmission dans son service a baissé de 60%
grâce à Renascer.
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Mohammed Yunus, Fondateur de
la banque Gramen en 1976 pour les micros crédits.
Bengladesh
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En 1976, Mohammed
Yunus un professeur d’économie a fondu la banque Gramen pour aider les
femmes à créer des mini projets grâce à des micros crédits sans garantie.
Grâce à ces projets, les bénéficiaires ont pu nourrir leur familles,
construire des maisons de tôle, envoyer leurs enfants à l’école et économiser pour les vieux jours.
En 2003, cette banque avait prêté 4
milliards de dollars à 2,8 millions de villageois bangladais, dont 95% de
femmes.
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Veronika Khosa, Infirmière fondatrice de l’association Tatenti pour
les soins à domicile en 1995.
Afrique du Sud
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A l’âge de 54 ans, divorcée
et grande mère vivant dans un pays où le travail n’est pas facilement
accessible, Veronika Khosa démissionne de son travail d’infirmière au
centre de dépistage du SIDA jugeant qu’elle n’arrive pas à aider les
malades atteints du SIDA avec les moyens publiques modestes. Elle a
constaté que les gens très malades sont rejetés par leurs familles et les
hôpitaux refusaient de les recevoir faute de moyens.
Se demandant ce
qu’elle pouvait faire pour aider son pays où le taux de contamination avec
le SIDA augmente horriblement ainsi que le nombre des décès, elle a
décidé de se consacrer entièrement aux soins à domicile à la faveur
des pauvres atteints de maladies chroniques tel le SIDA. Elle a créé alors
l’association Tatenti en 1995 pour les soins à domicile.
Grâce aux efforts
miraculeux de Veronica Khosa, Tatenti a été désignée par UNAIDS comme la
plus efficace association dans la lutte contre le SIDA.
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Rachida KHTIRA
Software Engineer at the Moroccan Ministry of
Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.
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