Discussion
Dans ce roman, Elif Shafak nous emmène dans une quête de Soi dont l’amour est à la fois le chemin et la destination. L’ambiance chaleureuse du roman nous remplit de milles émotions et une. A travers le voyage mystérieux de Shams, les personnes qu’il rencontre et les âmes qu’il apaise, le lecteur voyage à son tour dans les profondeurs de son âme pour dévoiler ses secrets et embrasser ses mystères. Ella par contre est le miroir du lecteur lui même qui, en même temps qu’elle, lit l’histoire et se laisse emporté par le charme et la sagesse des quarante règles de l’Amour.
Dans ce roman, Elif Shafak nous emmène dans une quête de Soi dont l’amour est à la fois le chemin et la destination. L’ambiance chaleureuse du roman nous remplit de milles émotions et une. A travers le voyage mystérieux de Shams, les personnes qu’il rencontre et les âmes qu’il apaise, le lecteur voyage à son tour dans les profondeurs de son âme pour dévoiler ses secrets et embrasser ses mystères. Ella par contre est le miroir du lecteur lui même qui, en même temps qu’elle, lit l’histoire et se laisse emporté par le charme et la sagesse des quarante règles de l’Amour.
Personnellement,
j’avoue que certaines de ces règles étaient pour mon esprit, comme une pierre
jetée dans un lac paisible. Elles m’ont poussé à méditer, à poser des questions
et à chercher des réponses. Cela n’empêche que certains points de vue à mon avis sont extrémistes et nous éloignent de la
religion de l’amour que l’écrivain veut nous la faire découvrir à travers les
quarante règles de Shams. Ci-après je vais expliciter certains d’entre
eux :
1. Le vin : Dans maintes reprises, l’auteur mentionne le vin:
La
première fois c’est quand Shams ordonne le novice, qui veut l’accompagner dans
son voyage, de boire du vin. Lorsque ce dernier refuse, Shams lui dit qu’il ne
peut pas être son compagnon parce qu’il n’est pas obéissant et aussi parce
qu’il donne beaucoup d’importance au regard des autres. D’ailleurs, ces deux
sujets relèvent du soufisme :
Obéir à son maître : Un maître soufi a un pouvoir moral sur ses élèves qui doivent se laisser guider par ses conseils. Cependant, l’Islam est une religion de discussion et de conviction et non pas d’obéissance aveugle. D’ailleurs, plusieurs versets du Coran nous invitent à méditer et à poser des questions pour arriver à la vérité. D’après mes lectures, j’ai compris que l’obéissance qui est sollicitée par les vrais maîtres soufis désigne la modestie et la patience pour apprendre et non pas l’obéissance aveugle.
Se libérer de l’influence du regard des autres sur Soi : par placer soi même dans des situations embarrassantes vis-à-vis des autres. Cependant, dans l’Islam, l’éducation de Soi commence d’abord par appliquer les ordres de Dieu à travers la pratique des obligations prescrites dans le Saint coran ou du « Sunna » et s’éloigner des interdits. Il est clair que l’objectif sublime de l’éducation de Soi dans le soufisme est d’arriver à un niveau élevé dans l’amour de Dieu. Il serait logique alors de le faire d’abord par s’éloigner de ce que Dieu nous a interdit de faire comme boire, mendier, se faire du mal …
La
deuxième fois que l’auteur mentionne le vin c’est quand Shams demande à Rûmi
d’aller chercher du vin dans la taverne. Une fois ce dernier est revenu, Shams
lui demande de le boire. Malgré sa confusion, Rûmi accepte de le faire. Shams
lui enlève la tasse à la dernière minute et boit lui-même un peu avant de le
verser par terre. D’après l’histoire, on
comprend parfaitement que Shams voulait que Rûmi visite l’endroit le plus pourri de Konya pour
rencontrer d’autres catégories des gens qui ont besoin de lui autant plus que
ceux qui fréquentent les mosquées. Shams veut aussi que Rûmi se libère du
regard des autres. En fréquentant cet endroit, sa réputation sera mise en
cause. C’est un exercice pour défier son ego.
Cependant,
le fait que Shams boit un peu de vin n’est pas du tout compréhensible. Il est
vrai que parmi les faux soufis, il y avait des gens qui disaient que dans un
niveau avancé de l’âme, un soufi peut ne pas appliquer les règles de la
religion, parce que dans un tel niveau, on appartient à un autre monde qui
n’obéit pas aux règles de ce monde. Ce qui est entièrement faux et les maîtres
soufis honnêtes n’y croient pas. Dans
l’islam, tous les musulmans sans
exception doivent suivre les règles de la religion et personne ne peut affirmer
quand il est arrivé ou non à un niveau supérieur. Le vin est ainsi interdit
d’une manière absolue.
2. Islam, Charia et Soufisme :
Dans le roman, on a l’impression que tous ceux qui croient à la
« Charia » sont ou bien des
ignorants, des gens sévères ou même des gens qui ont un manque spirituel. Cette
rupture entre Charia et Soufisme n’est pas du tout réaliste. En effet, la
religion musulmane repose sur trois piliers : L’Islam, l’Imân et l’Ihsân. On
retrouve cette idée dans le hadith rapporté par Omar (RA). Les savants
définissent ces trois couches comme étant des composantes d’un seul fruit :
l’écorce correspond à l’Islam, la pulpe à l’Imân (degré de la foi) et enfin le
noyau à l’Ihsân. On ne peut ainsi accéder au degré de l’Imân sans passer par
celui de l’Islam, ni à celui de l’Ihsân sans celui de l’Imân.
Le soufisme
prétend s’intéresser au noyau ainsi que des moyens pour l’atteindre. Donc un
soufi est avant tout un Musulman qui doit croire à tous les piliers de l’Islam
et les pratiquer dans sa vie. Pour lui,
la méditation, l’éducation de soi et la purification de son âme passe d’abord
par l’application des obligations. Ceux
qui ont cru pouvoir se dispenser de cette dernière ont été traités en infidèles
au cours de l’histoire, y compris par la majorité des autres soufis. Il est
vrai qu’aujourd’hui, le soufisme jouit d’un grand prestige auprès des non
musulmans qui croient voir en lui une religion purement spirituelle,
débarrassée de toute pratique et parfois même avec des pratiques qui n’ont
aucune relation avec le vrai Islam. Cependant, la spiritualité dans l’Islam est
fortement liée à la pratique des obligations et au respect des interdits.
3. Foi et prière :
l’auteur mentionne une histoire qui se passe entre Moise et un paysan. Ce dernier prie d’une manière
incorrecte mais avec une grande foi. Le voyant un jour ainsi prier Moise lui
apprend comment bien faire sa prière. Cependant, Dieu fait des reproches à
Moise parce que le paysan est plus sincère dans sa façon de le faire.
Je
doute fort de la crédibilité de l’histoire. Il est vrai que Dieu regarde
d’abord dans nos cœurs mais nos actions doivent aussi refléter nos croyances.
Dieu est parfait et aime la perfection, il nous apprend l’art de bien être mais
aussi de bien vivre à travers la bonne pratique de la religion. De plus, le
soufisme est basé sur ce qu’on appelle « Ihsân » c'est-à-dire la
perfection. Etant donné que la prière est l’une des piliers de l’Islam, un
musulman est appelé à le faire correctement. La perfection concerne nos
croyances, notre état d’âme mais aussi nos pratiques.
Évaluation
Plusieurs
sujets intéressants restent à discuter car c’est un roman riche en informations
historiques, psychologiques et religieuses. A présent, je me contente des
points cités ci-dessus laissant aux lecteurs le soin de découvrir eux-mêmes
d’autres selon leurs convictions et leurs croyances.
Je note
le roman « 5/5 » parce que malgré plusieurs réservations que
je porte sur le soufisme historique et actuel en général et sur certaines idées
dans le roman en particulier, je
considère que c’est un roman qui fait bouger l’eau stagnante. Personnellement,
Il a suscité ma curiosité sur pas mal de sujets et m’a poussé à fouiller dans
l’histoire du soufisme, qui malgré tous les controverses qu’il a suscitées au
cours de l’histoire et les suscite encore actuellement, il constitue une grande
partie de l’histoire de l’Islam que nous devrions bien connaître.
Rachida KHTIRA
Software engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.
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