Édition : 10-18, traduit de l’anglais au français par « Dominique Letellier ».
Version originale en langue turque: Aşk.
Auteur : Elif Shafak
Personnages principaux
Ella Rubinstein : Femme au foyer juive vivant à Northampton dans le Massachusetts.
A.Z.Zahara : Écrivain mystique qui habite à Amsterdam.
Rûmi : Djalāl ad-Dīn Muhammad Rūmī est un mystique musulman Perse qui a profondément influencé le soufisme. Il reçut très tôt le surnom de Mawlānā qui signifie « notre maître ». Son nom est intimement lié à l'ordre des « derviches tourneurs » une des principales confréries soufies de l'islam qu'il fonda dans la ville de Konya en Turquie. La plupart de ses écrits lui ont été inspirés par son meilleur ami, Shams ed Dîn Tabrîzî. (Wikipédia)
Shams ed Dîn Tabrîzî : était un mystique soufi iranien né à Tabriz en Azerbaïdjan iranien et mort en 1248. Il est responsable de l'initiation de Jalâl ud Dîn Rûmî et a été immortalisé par le recueil de poèmes de Rûmi intitulé Diwan-e Shams-e Tabrîzî. Shams et Rûmi vivaient ensemble à Konya. Certains pensent qu'il serait mort assassiné par des disciples de Rûmi. (Wikipédia)
Personnages secondaires
La famille d’Ella
David : Mari d’Ella.
Jeannette : la fille d’Ella
Scott : fiancé de Jeannette
Deux gémeaux d’Ella :
Avi et Orly
Esther : la tante d’Ella
Michelle : assistante à l’agence
littéraire pour laquelle travaille Ella.
Les personnages de « Doux Blasphèmes »
Le
Tueur, le novice, le maître à Baghdad, le mendiant, Rose de désert, l’ivrogne,
le maître à Konya, Aladin, Sultan Walad, Bybars, Hussam, Kerra, Kimia, …
Résumé
Ella
Rubinstein est une femme au foyer juive et peu croyante. Elle mène une vie
paisible et confortable à Northampton dans le Massachusetts. Elle semble avoir
tout pour être heureuse : une belle maison, un mari quoique infidèle remplit
son rôle de chef de famille correctement, trois beaux enfants et un chien
fidèle. Mais à l’aube de ses quarante ans, et après vingt ans de mariage, elle
se sent malheureuse. Elle se rend compte que sa relation avec son mari manque
de chaleur et de profondeur. Sa vie quotidienne de femme au foyer est une
succession de tâches simples, toujours
planifiées à l’avance, maîtrisables cependant superficielles.
Pour
faire face à la monotonie de sa vie qui commence à peser sur son esprit et
combattre sa gêne émotionnelle, elle s’engage en 2008 en tant que lectrice pour
une agence littéraire. Sa première tâche est rédiger une note sur un manuscrit
signé par Aziz Z. Zahara, un écrivain mystique vivant à Amsterdam. Ce roman
intitulé « Doux blasphèmes » retrace la rencontre entre le poète
« Rûmi» et un célèbre derviche « Shams de Tabriz ».
Rûmi
est un érudit musulman célèbre vivant à Konya durant le 13ème
siècle. Il a tout pour être heureux : riche, célèbre, respecté par son
entourage, issue d’une famille bien réputée, marié et père de famille.
Cependant, il ressent toujours un manque qu’il n’arrive pourtant pas à
définir : « Peu importe qui nous sommes et où nous vivons, tout au
fond, nous nous sentons tous incomplets ». Un jour, un derviche errant qui
s’appelle « Shams de Tabriz » arrive à Konya et cherche Rûmi afin de
lui transmettre sa connaissance à travers ce qu’il appelle les quarante règles
de la religion de l’Amour. A travers ces règles et ses longues discussions avec
Shams, Rûmi affirme avoir trouvé son accomplissement spirituel et sa paix
intérieure. Jour après jour, il devient si attaché à Shams à tel point que sa
famille et ses amateurs deviennent jaloux et pleins de rancune. Depuis son
arrivée, Shams entre en contact avec l’environnement qui entoure son ami
Rûmi : les membres de sa famille, ses amateurs, la couche marginalisée de
la ville, les autorités, les gens de religions…
Sa
relation avec Rûmi ainsi que sa franchise démesurée lui ont coûté la vie. Rûmi
est profondément touché par l’assassinat de Shams. Inspiré de ses longues
discussions avec lui, il écrit un recueil de poèmes intitulé « les travaux de Shams de
Tabrîz ». Ainsi, Rûmi devient l’un des plus célèbres poètes du
monde soufi.
En
lisant le manuscrit, Ella décide de contacter Aziz Z. Zahara par Internet.
Ainsi, une relation affectueuse se développe entre elle et Aziz. Au fil de sa
lecture, Ella se sent impressionnée voire émue par les principes du soufisme à
travers les quarante règles dictées par Shams de Tabriz à son ami Rûmi. En
parallèle, Ella entame des longues conversations avec Aziz qui devient le
soleil qui éclaire son esprit obscur et réchauffe son cœur froid. Ils discutent
de plusieurs sujets relatifs à la beauté intérieure, la paix et l’amour. Jour
après jour ils se rapprochent de plus en plus l’un de l’autre. Finalement, Ella
décide de demander divorce, ayant assez de l’infidélité de son mari, puis part
avec Aziz Z. Zahara commençant ainsi une nouvelle étape de sa vie pleine
d’amour, de paix et d’espoir.
Après
quelques mois, Aziz est mort atteint du cancer, et Ella se trouve toute seule à
Konya, le lieu où la rencontre de Shams et Rûmi a eu lieu. Elle est triste,
sans travail et sans aucune vision de l’avenir. Pourtant et par l’influence de
« Doux blasphèmes » et de sa relation avec Aziz, Ella décide de
profiter de chaque instant de son existence le cœur plein d’espoir, de
confiance et d’amour.
Quelques
pensées
Pensée
1
Au fil
des parties, le lecteur est amené à se déplacer entre deux histoires qui se
passent durant deux périodes historiques éloignées avec deux styles d’écriture
à mon avis différents. Lorsque l’auteur parle d’Ella et de sa vie, elle utilise
« Elle », les idées sont directes, les relations entre les
personnages sont simples, il n’y a pas lieu à des interprétations. Le lecteur
est amené à vivre le quotidien avec Ella et son entourage, à découvrir ses
sentiments, vivre son changement et accepter ses décisions.
Dans la
deuxième histoire « Doux blasphèmes », il existe plusieurs
croisements entre les personnages et plusieurs interprétations des événements
et des attitudes sont possibles. Un seul événement est présenté plusieurs fois
selon l’angle de vue de chaque personnage. L’auteur nous laisse le soin de
faire connaissance de ses personnages à travers leurs propres mots et les mots
de ceux qui les aiment et de ceux qui les méprisent. Qu’il soit un tueur, un
ivrogne, une prostituée ou autre, elle dresse le profil d’un personnage donné
sans jamais le juger.
Pensée
2
L’auteur
a intitulé les différentes parties du roman comme suit:
- Partie1 : « Terre: ce qui est solide, absorbé, immobile »
- Partie2 : « Eau: ce qui est fluide, changeant et imprévisible »
- Partie3 : « Vent: ce qui bouge, évolue et nous défie »
- Partie4 : « Feu: ce qui, dévaste et détruit. »
- Partie5 : « Vide: inexplicable et incontrôlable. »
En quelque sorte, la vie des personnages dans les deux histoires est primée par des événements qui prennent souvent l’une des formes des éléments cités ci-dessus. Par exemple, dans la première et la deuxième partie, les événements dans les deux histoires sont calmes et fluides quoiqu’ils changent rapidement contrairement à la troisième et la quatrième partie où un ensemble d’événements rapides et violents se succèdent pour arriver enfin à un vide causé par la mort des deux personnages principaux Shams et Aziz dans la dernière partie.
Pensée
3
En
lisant les deux histoires du roman, on a l’impression que les deux temps sont
parallèles ou plutôt le temps « n’est qu’une illusion ». La frontière
entre le passé et le présent n’existe plus. Dans les deux mondes, les
personnages principaux cherchent leur accomplissement spirituel et leur paix
intérieure. D’une part, Ella et Rûmi cherchent à combler un manque qu’ils
ressentent malgré le confort de leurs vies fondées plutôt sur la raison que la
passion. D’autre part, Shams et Aziz ressentent le besoin de partager leurs
connaissances et leurs expériences avec leurs semblables. Elif Shafak veut
montrer ainsi que l’être humain reste le même dans tous les temps, qu’il soit
musulman, juif ou autre, son âme reste un âme qui a besoin de paix, son cœur
reste un cœur qui a besoin d’amour, et l’amour qui reste simplement l’amour «
il est ce qu’il est, pur et simple ».
Rachida KHTIRA
Software engineer at the Moroccan Ministry of Finance.
Interests: Reading, travel and social activities.
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